Dernière mesure « sociale » adoptée par ce gouvernement, le CEJ, dont il aurait mieux fait de s’abstenir, a été sorti du chapeau, dans la précipitation, élections présidentielles obligent. Ce gouvernement, aidé en cela par les « bonnes relations » qu’entretien avec lui l’UNML s’est approprié notre technicité et nos éléments de langage pour nous expliquer ce que nous savons faire depuis 40 ans, l’accompagnement global. Il nous fait du « mansplaining » adapté à notre réseau.
Stéphane Valli, Président de l’UNML s’exprime en ces termes : "volonté très claire au niveau national entre l’UNML et Pôle emploi d’avoir une logique extrêmement partenariale et complémentaire".
Voilà une belle langue de bois pour exprimer que nous ne sommes pas en concurrence ? Ou si ? Jean Bassères, Directeur Général de Pôle emploi s’était déjà exprimé lors de l’AG de l’UNML, en septembre 2021, en disant qu’il ne voulait pas nous absorber, que nous avions un savoir-faire, mais que Pôle emploi allait apprendre... Son objectif n’est donc pas de nous absorber, mais plutôt de nous éliminer, comme le coucou qui jette hors du nid les autres poussins pour prendre leur place.
Comme on pouvait s’y attendre, et comme nous l’avions prévu, le Pôle emploi n’a pas attendu le 1er mars, date officielle de démarrage du Contrat d’engagement jeune, pour ouvrir les hostilités. Le CEJ, dispositif qui remplacera ipso facto la Garantie jeune, qui a fait ses preuves en termes de suivi intensif et personnalisé des jeunes depuis quelques années, et pour lequel les Missions locales ont développé une expertise reconnue mais systématiquement remise en cause par ce gouvernement.
Voilà que les jeunes sont massivement convoqués par le Pôle emploi (PE), peu importe qu’ils soient suivis par les Missions locales, qu’ils soient déjà dans des dispositifs, qu’ils aient entamé un parcours, « à nous les petits ! ». Pour rattraper les choses, les Missions locales se voient obligées d’envoyer des SMS aux jeunes pour leur dire de rencontrer leur conseiller ML avant de se rendre aux convocations du PE... Comment ne pas semer le trouble dans la tête des jeunes ? Comment ne pas les dégouter de cette guerre institutionnelle stérile, contreproductive parce que, au lieu de récupérer les jeunes invisibles, dada de la Ministre, nous allons simplement les perdre, au sens propre comme au figuré.
Le réseau des ML n’a pas à être mis en concurrence avec le PE, chacun son rôle et ses compétences. Nous faisons tous les deux partie du Service Public de l’Emploi (SPE). Les jeunes ne sont pas des produits commercialisables ni à commercialiser. Ils ne sont pas réductibles à des chiffres pour remplir des tableaux de bord lisibles uniquement pas des technocrates. Ils sont l’avenir de notre pays et il faut prendre garde à ne pas insulter l’avenir.
Le lancement du CEJ devrait être très médiatisé, le gouvernement à prévu des événements, des visuels... au lieu de plutôt donner ces moyens aux jeunes eux-mêmes. Les paillettes ne suffiront pas à remplir le vide sidéral de cette campagne électorale en termes de propositions pour la jeunesse.
Dans ce match mortifère qu’on nous oblige à jouer malgré nous, il n’y aura que des perdants, les jeunes en premier lieu, mais les missions locales aussi et les collègues de Pôle emploi n’en sortiront pas grandis non plus.
L’équipe du Synami