Recrutement de 2000 conseillers, est-ce réaliste ?
Afin de pouvoir gérer l’augmentation de jeunes à suivre sur le dispositif de la Garantie Jeunes, l’Union Nationale des Missions Locales (UNML) a lancé, le 4 mai 2021, une grande campagne de communication autour du recrutement de 2000 conseillers. C’est une grande première pour le réseau.
Ce renfort de 2000 nouvelles recrues va arriver bien tardivement dans l’année, nous avons déjà entamé le deuxième trimestre et les salariés en place portent la montée en charge depuis le début de l’année, parce que les objectifs fixés pour 2021 commencent dès le 1er janvier. La CPO fonctionne par année civile.
Parfois, le menu concocté dans la cuisine n’est pas toujours à la hauteur de ce qui est affiché sur une belle devanture. Si le cadre réglementaire fixe bien à 50 le nombre de jeunes suivis par conseiller GJ, afin de garantir un accompagnement de qualité, la réalité d’un conseiller Garantie Jeunes montre qu’il a plutôt en charge entre 75 et 80 jeunes. Pour ce qui est des conseillers dits « généralistes », le nombre de jeunes en portefeuille se situent plutôt autour des 200, avec la pression des objectifs « un jeune, une solution ». Il
faut donc les mettre rapidement dans les cases « rentables ».
L’environnement offert par les Missions Locales nous fait supposer qu’elles auront du mal à embaucher !
Plusieurs raisons nous portent à croire cela :
▪ Un salaire de départ peu valorisant n’en fait pas un métier attractif (début de grille 1822,84€
bruts) ;
▪ Un turn-over est inquiétant puisqu’un nombre significatif de jeunes conseillers ne vont même pas jusqu’à la fin de la période d’essai, quand d’autres plus anciens démissionnent ;
▪ Pas ou très peu de progression de carrière possible, les montées en compétences ne sont ni reconnues, ni valorisées, au contraire. Les entretiens annuels servent principalement à pointer les
soi-disant manques ;
▪ La rareté des candidats oblige les Missions Locales à s’adonner à un « mercato » dans le réseau pour se « chiper » les conseillers compétents ;
▪ La mauvaise ambiance générée par la mise en place de la classification avec un management loin d’être à la hauteur des enjeux du moment.
Cette pénurie de candidature met les directions dans des situations dangereuses, se voyant obligées d’embaucher des salariés débutants dans le métier, sans moyens pour mettre en place un accompagnement à la prise de fonction, face à la pression du chiffre. Autre solution trouvée pour répondre aux objectifs et palier le manque d’embauche, c’est la fragmentation du travail des conseillers GJ, à eux l’animation des groupes, aux autres conseillers le suivi. On fait d’une pierre deux coups et on peut ainsi
contenir les rémunérations en embauchant peu. C’est inacceptable !
Nous demandons aux employeurs de :
▪ Ne pas recruter au rabais. Première embauche à un IP de 442 points obligatoire ;
▪ Ne pas augmenter la charge de travail des conseillers en place avant l’arrivée des renforts ;
▪ Former les nouveaux et les tutorer par un·e collègue expérimenté·e qui sera reconnu·e et rémunéré·e pour ce travail ;
▪ Ne pas fragmenter le travail pour diluer les compétences et ne pas les reconnaitre.
VOILÀ LE MESSAGE QUE NOUS PASSERONS À L’UNML ET À L’ÉTAT
Nous voulons les moyens d’un accompagnement global de qualité pour les conseillers et pour les jeunes.
L’équipe du Synami-CFDT