La Dares dresse un bilan positif de la Garantie jeunes, qui touche sa cible et augmente de 10 points le taux d’emploi
L’évaluation de l’impact de la Garantie jeunes "montre qu’elle aurait augmenté le taux d’emploi des bénéficiaires de 10 points 11 mois après l’entrée en dispositif", indique la Dares, dans une étude publiée le 17 avril 2019. Le dispositif atteint sa cible : des jeunes présentant des difficultés sociales et des freins importants à l’emploi. Ils touchent en moyenne 3 900 euros d’allocation au cours de l’accompagnement, qui dure en moyenne 11 mois en Garantie jeunes.
La Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) dresse un bilan positif de la Garantie jeunes, dans une étude publiée mercredi 17 avril 2019. "Pour apprécier l’impact" de ce dispositif, "il ne suffit pas d’observer les taux de retour à l’emploi des jeunes concernés : il faut également chercher à apprécier ce qu’aurait été le devenir de ces jeunes sans la Garantie jeunes", souligne la publication.
Elle montre ainsi que la Garantie jeunes aurait augmenté d’environ 10 points le taux d’emploi des bénéficiaires 11 mois après leur entrée dans le dispositif piloté par les missions locales qui accueillent les moins de 26 ans rencontrant des difficultés particulières d’insertion professionnelle et sociale. Lancée au début du mandat de François Hollande, la Garantie jeunes a fait l’objet d’une forme de généralisation en 2017, après une phase d’expérimentation.
41 % DES JEUNES EN EMPLOI 19 MOIS APRÈS L’ENTRÉE
"La part des jeunes déclarant être principalement en emploi augmente au cours des interrogations", note la Dares. 29 % à la première interrogation (en moyenne 9 mois après l’entrée en Garantie jeunes), 37 % à la deuxième (en moyenne 14 mois après l’entrée) et 41 % à la troisième (en moyenne 19 mois après l’entrée). Cette hausse est portée principalement par l’emploi durable.
Entre octobre 2013 et juillet 2018, 229 000 jeunes ont intégré la Garantie jeunes. Ils correspondent "à la cible du dispositif", souligne la publication. Les bénéficiaires de la Garantie jeunes rencontrent de nombreux freins à l’emploi. Par rapport aux autres jeunes, ils ont un faible niveau scolaire. Près de la moitié d’entre eux n’a pas validé une formation au moins équivalente au CAP-BEP, contre 18 % des jeunes de 16 à 25 ans sortis de formation initiale.
La Garantie jeunes bénéficie un peu plus souvent aux hommes qu’aux femmes. Au début de leur accompagnement, les bénéficiaires ont 21 ans en moyenne. Les jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville ou d’une zone urbaine sensible (1) représentent 24 % des bénéficiaires, contre 12 % des jeunes sortis d’études de cette classe d’âge. Ces jeunes rencontrent également des problèmes de mobilité. Seuls 30 % d’entre eux ont le permis de conduire à leur entrée en Garantie jeunes, contre 70 % des jeunes de cette classe d’âge.
EN SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE PRÉCAIRE
"Les bénéficiaires de la Garantie jeunes sont en situation économique et sociale précaire", rappelle la Dares. Ils sont nombreux à décrire des situations d’isolement et à être en rupture avec leur famille. Un quart d’entre eux a déjà connu dans sa vie d’importantes difficultés de logement et 6 % étaient dans une situation de logement instable ou sans abri dans les mois précédant l’entrée en Garantie jeunes.
"La précarité économique entraîne pour certains des difficultés à assumer les besoins primaires de la vie courante (alimentation, logement)", remarque l’étude. 28 % déclarent avoir passé une journée sans prendre un repas complet au cours des trois mois précédant et 20 % avoir dû renoncer à des soins médicaux au cours des 12 derniers mois.
Au moment de leur entrée en Garantie jeunes, deux tiers des bénéficiaires sont connus de la mission locale depuis plus de six mois et un tiers depuis plus de deux ans. Deux tiers des jeunes ont déjà bénéficié d’un autre dispositif national d’accompagnement par la mission locale.
UN BÉNÉFICIAIRE SUR CINQ SORT DE MANIÈRE ANTICIPÉE
"La Garantie Jeunes permet un accompagnement très intensif au cours des deux premiers mois", rappelle la publication. L’accompagnement débute par une phase collective puis devient ensuite principalement individuel. Les jeunes bénéficient en moyenne d’un entretien individuel par mois, une "fréquence plus de deux fois plus élevée" que dans le cadre d’un Civis par exemple.
Deux tiers des bénéficiaires ont réalisé au moins une immersion professionnelle. Ils passent, en moyenne, 54 jours en immersion dans le cadre de leur accompagnement.
"Un bénéficiaire sur cinq sort du dispositif de manière anticipée", révèle ce document. L’accompagnement a une durée initiale d’un an, avec un renouvellement possible de six mois maximum. Les jeunes entrés en Garantie jeunes jusqu’à fin 2016 ont passé en moyenne 11 mois en dispositif. 22 % des jeunes le quittent de manière anticipée, en moyenne au bout de 7,5 mois, tandis que 2 % sont renouvelés à la suite des 12 mois d’accompagnement, pour 5 mois en moyenne.
Les jeunes restés 12 mois dans le dispositif sortent dans neuf cas sur dix avec pour motif "accès à l’autonomie" (avec ou sans situation de travail ou formation). La moitié des jeunes sortis du dispositif avant la fin prévue le quittent pour non-respect des engagements. 22 % abandonnent d’eux-mêmes le dispositif.
3 900 EUROS EN MOYENNE AU COURS DE L’ACCOMPAGNEMENT
Le dispositif est caractérisé également par son allocation, garantie pendant un an, en fonction des ressources. Les jeunes reçoivent en moyenne 3 900 € au cours de leur accompagnement. Le montant maximum de l’allocation, de 484,82 euros par mois au 1er avril 2018, correspond à celui du RSA pour une personne seule, après la déduction du forfait logement.
"Au début de leur accompagnement, les bénéficiaires touchent très souvent le maximum de l’allocation, puis au fil de l’accompagnement le montant moyen diminue, avec l’augmentation des autres revenus, ainsi que – a priori dans une moindre mesure – des sanctions et des sorties anticipées du dispositif", analyse la Dares. L’allocation passe ainsi de 430 euros en moyenne le mois qui suit l’entrée à 237 euros le 11e mois. "L’allocation complète les ressources de ces jeunes et améliore leur situation financière", indique l’étude. Elle note toutefois que la majorité continue à être dans une situation financière difficile.
À la sortie du dispositif, le revenu total moyen des bénéficiaires est "du même ordre de grandeur que 12 mois plus tôt" : 645 euros. Cependant, les sources de revenus ont évolué. La principale source de revenu pendant l’accompagnement est l’allocation Garantie jeunes (309 euros). À la sortie, il s’agit du salaire (400 euros en moyenne).
[((1) Les ZUS (zones urbaines sensibles) ont été supprimées au profit des QPV (quartiers prioritaires relevant de la politique de la ville) par la loi du 21 février 2014 qui a révisé la géographie prioritaire pour la politique de la ville en faisant passer le nombre de quartiers éligibles d’environ 2 500 à près de 1 300.)]