La question du numérique et de l’évolution des métiers a traversé ces journées nationales. Les pratiques numériques des professionnelles des Missions locales ont été interrogées.
Dans le cadre d’un atelier animé par un directeur, membre affiché de l’ANDML, les questions de départ se sont focalisées autour des capacités ou résistances au changement des conseillers. On s’interroge sur ce que le numérique peut améliorer dans les pratiques d’accompagnement, en quoi le numérique peut-il bousculer les habitudes du travail du conseiller, sur la professionnalisation au numérique. La posture de certains intervenants laisse voir qu’ils sont parmi ceux qui savent ce que les autres doivent faire et ce à quoi ils doivent s’adapter. Mais la salle réagit avec beaucoup d’intelligence relatant des expériences construites avec les équipes au travail, orientant le questionnement autour de la stratégie des structures, des territoires, de la branche.
L’animateur a, dans un premier temps, écarté les questions qui touchaient à i-milo. Or c’est bien ce système d’informations numérique qui conditionne les pratiques d’accompagnement des parcours d’insertion des jeunes. Aujourd’hui ce système n’est pas satisfaisant du point de vue de l’accompagnement, pas d’avantage au niveau de l’organisation, ni pour rendre compte réellement de l’activité d’accompagnement. I-milo a été conçu pour répondre à des objectifs de placement des jeunes en entreprise et non pour faciliter le travail d’accompagnement vers l’autonomie. Le contrôle de l’activité des conseillers en temps réel a été rendu possible avec i-milo sans que cela garantisse un accompagnement de qualité vers l’autonomie. Ce contrôle permanent et la pression aux chiffres produit par l’outil i-milo nuit à la qualité de vie au travail.
Faut-il rappeler que la branche professionnelle, dans le cadre des fonds mutualisés de la formation professionnelle continue, a engagé 1 250 000 euros pour la formation e-learning pour le SI Parcours. Au delà de la formation Parcours, les organisations syndicales qui avaient soutenu le projet, avaient imaginé pouvoir poursuivre la conception de formation à distance sur d’autres sujets, c’était avant l’essor des moocs. L’investissement de la branche semble avoir été fait à fonds perdus. Peut-on décemment aujourd’hui engager les fonds de formation pour un système totalement insatisfaisant et dont on ne connaît pas le devenir ?
Toutefois la question de l’évolution des compétences doit être traitée, avec et pour tous les salariés, pas seulement les conseillers. Nous ne devons pas nous plier aux exigences du numérique, les outils doivent être « au service de l’humain » (SimplonCorp). C’est la raison pour laquelle, au-delà d’un collectif national de type « labo », c’est bien la stratégie du réseau qui doit être pensée, sans oublier les objectifs d’accompagnement de tous les jeunes y compris ceux qui ne sont ni à l’aise ni familiarisés avec les outils numériques pertinents pour leur insertion sociale et professionnelle. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les transformations liées au numérique ont des impacts sur les organisations de travail. On aimerait croire que les « dynamiques collaboratives » puissent générer des managements plus souples, favorables à la qualité de vie et santé au travail...