Le CNEFOP publie son deuxième rapport sur la mise en œuvre du CEP et du CPF.
Même si cela ne paraît pas évident pour les conseillers salariés des Missions locales en charge d’assurer, au quotidien, le conseil en évolution professionnelle, le CNEFOP considère que le CEP « redessine le paysage de l’accompagnement ».
Avec la création de ce dispositif phare de la réforme de 2014, les salariés des Missions locales sont concernées à double titre : en tant que membre d’une organisation opératrice (Missions locales parmi les 5 opérateurs) et en tant que salariés pouvant bénéficier dans son parcours professionnel du dispositif (accompagnement par Uniformation).
En effet, chaque salarié a la possibilité de se saisir de cette opportunité, en faisant le lien avec l’entretien professionnel légal organisé tous les 2 ans par les directions et l’entretien de bilan de parcours professionnel planifié tous les 6 ans. Dans ce cadre, il n’est pas question d’évaluation de l’activité mais des perspectives et des leviers d’évolution. Par ailleurs, si le syndicat employeur ne fait pas la sourde oreille aux observations et recommandations du dernier rapport IGAS, la révision de la classification actuellement en cours devrait permettre de faire évoluer le système afin de lever les plafonds auxquels on se heurte aujourd’hui.
L’enjeu pour l’institution Mission locale de participer, certes sans contre-partie financière directe, est également important. En effet, aujourd’hui 5 opérateurs ont été désignés, mais demain ?
A ce jour et dans les faits en Missions locales, le CEP est en quelque sorte masqué derrière le PACEA qui représente aujourd’hui pour de nombreux salariés, beaucoup de contraintes administratives sans intérêt pour la qualité de l’accompagnement des parcours des jeunes.
L’accueil individualisé (niveau 1 du CEP), le conseil individualisé (niveau 2), l’accompagnement individualisé (niveau 3), les Missions locales savent faire et le font depuis longtemps dans le cadre d’une approche globale. Toutefois nous avons vu, ces dernières années, les organisations de travail évoluer et s’orienter d’avantage vers des démarches de prescription. Les outils de l’évaluation de l’activité se sont concentrés sur les chiffres d’entrées en dispositifs, demandés par les différents financeurs chacun visant ses propres objectifs sans considérations d’ensemble. Aujourd’hui, avec la mise en place du CEP, de la nouvelle gouvernance issue de la loi et de l’implication de nos organisations syndicales, les perspectives d’évolution vont dans le bon sens nous semble-t-il. Nous emparer de cette opportunité et nous organiser au niveau des territoires et des branches professionnelles est une nécessité.
Le rapport du CNEFOP précise que « la traduction opérationnelle du référentiel d’activités reste en phase d’appropriation... L’ambition d’ensemblier de parcours que porte le CEP conduit en effet les opérateurs à un important effort de réorganisation des services délivrés et un enrichissement de leur offre tant par élargissement des thématiques jusqu’alors traitées que par la multiplicitité des modalités de délivrance. Le CEP se révèle ainsi source d’innovations… »
Sommes-nous en Missions locales dans « cette phase créative » (qui) témoigne de la dynamique d’appropriation du changement qu’implique le CEP pour passer d’une approche prescriptive, organisée autour d’une offre standardisée, à une logique de services, ou le « conseiller devient le service » ?
Il nous paraît évident que « le CEP ne se réduit pas à une accumulation d’outils et de prestations », mais qu’en est-il de l’appropriation de l’esprit du dispositif et comment cela se traduit-il dans nos organisations de travail ?
Avec la mise en œuvre de la formation CEP (ingénierie de parcours incluant l’ingénierie financière) dans le cadre des ACN -Actions Collectives Nationales à laquelle a été ajoutée récemment une journée de travail sur les situations concrètes d’accompagnement, c’est la professionnalisation des conseillers et la montée en qualité du service CEP qui sont visées. De plus, le CNEFOP recommandait le développement d’une professionnalisation inter-opérateurs. La COMCEP, communauté digitale des conseillers en évolution professionnelle, initiée par la DGEFP en lien avec les Régions, est accessible aux conseillers et compte aujourd’hui 439 membres.
L’outillage technique ne doit pas faire oublier la posture de l’accompagnant et le CNEFOP, dans son résumé, insiste sur le changement qu’est censé induire le CEP. Dans notre réseau, depuis longtemps nous échangeons sur la notion de « tenir conseil » (A Lhotellier) repris dans ce rapport… « c’est moins un diagnostic expert qu’un travail de délibération partagé dont il sera question, une délibération pour agir » (Chauvet). Quelle marge de manœuvre a réellement le conseiller entre les contraintes du PACEA, l’obligation administrative du diagnostic et les injonctions contradictoires des managers ?
A travers la mise en œuvre du CEP, c’est bien la sécurisation des parcours professionnels qui est visée. Pour les jeunes bien sûr, ceux qui poussent la porte des Missions locales et globalement pour tous les actifs. C’est dans ce cadre que notre action doit s’inscrire. Le conseiller qui aura pour objectif de développer le « pouvoir d’agir » du jeune accompagné, contribuera par son action à l’équité sociale. « L’intelligence territoriale » créée par un « renouveau des partenariats opérationnels » dans l’objectif de « contribuer à faciliter l’usage des droits individuels et à l’efficacité de la mise en œuvre des dispositifs des politiques emploi, formation, orientation professionnelle sera-t-elle au rendez-vous ?
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Aller plus loin :
CNEFOP - Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (CNEFOP). Ce conseil réunit l’Etat, représenté par 12 ministères dont les ministères de l’emploi et de la formation professionnelle et l’éducation nationale, les régions, les partenaires sociaux représentatifs au niveau national et interprofessionnel ou multi-professionnel, ou intéressés ainsi que les chambres consulaires et les principaux opérateurs du champ. (Etudes et rapports, consultation et suivis des orientations nationales concernant l’l’emploi et la formation)
Lire le rapport de 109 pages :
http://www.cnefop.gouv.fr/actualites/dernieres-actualites/le-cnefop-vient-d-adopter-le-deuxieme-rapport-sur-le-suivi-de-la-mise-en.html
Extrait concernant les ML (page 15)
Les missions locales : Le décret n°2016-1855 du 23 décembre 2016 relatif au parcours
contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie et à la garantie jeunes 14 intègre désormais le CEP comme élément structurant de l’offre d’accompagnement à la construction de parcours des jeunes et à leur mise en œuvre.
Au-delà de la clarification réglementaire, les missions locales doivent se saisir de l’opportunité de l’intégration du CEP, tant dans l’offre de services elle-même que dans la manière dont elle est délivrée au jeune, en se départissant du prisme prégnant du système d’information et des logiques de dispositifs inhérentes à leur modèle économique.
La création d’un Délégué Ministériel aux Missions Locales 15 , en charge notamment du pilotage du système d’information, du programme national d’animation et d’évaluation qui permet notamment l’organisation de la capitalisation et de la diffusion des bonnes pratiques peut ainsi assurer une homogénéité d’appropriation de ces enjeux par le réseau.
Informations et outils sur le site de l’OPCA de notre branche : Uniformation
http://www.uniformation.fr/Salaries/Je-veux-evoluer/CEP
http://moncep.uniformation.fr/sommaire-outils-et-services)]