Il y a quelques jours, nous étions en pleine négociation de salaire et nous abordions notamment la rémunération des directeurs. Nous trouvions notamment inadmissibles et écœurants de voir comment au nom du "risque", ces derniers (cf. la médiane des primes et des indices de responsabilité) touchaient des compléments de rémunération disproportionnés.
Hé bien un bel exemple s’offre à nous. Alors même si nous n’avons pas officiellement la rémunération du directeur et nous ne voulons pas écrire les rumeurs folles à ce sujet, nous pouvons illustrer cette notion de "risque" à travers celui du directeur de la MEF de St Quentin de l’Aisne. Tout d’abord, nous vous invitons à relire tous nos articles et brèves pour vous remémorer :
http://synami-cfdt.fr/spip.php?article474
http://synami-cfdt.fr/spip.php?breve189
http://synami-cfdt.fr/spip.php?breve216
http://synami-cfdt.fr/spip.php?breve180
Préparez vous à lire l’intolérable
Hier dans le courrier picard (nous remercions vivement ce travail journalistique de qualité !), était donné en exclusivité les conclusions de l’audit et surtout les réactions d’administrateurs ou de leurs représentants
http://www.courrier-picard.fr/region/saint-quentin-ambiance-pourrie-et-deletere-a-la-ia195b0n659798
Pour vous résumer, le directeur est clairement cité comme "instigateur de la faillite du management", les salariés ont souffert comme jamais.
Que disent les responsables ? Mea Culpa du C.A, recrutement d’une R.H et...surtout le directeur n’est pas menacé !
Alors point par point :
- Mea Culpa du C.A : Tout est pardonné,titré Charlie Hebdo lors de son 1er numéro après les attentats. Sans vouloir comparer les choses, les agressions subies par le personnel peuvent elles se réparer uniquement par des excuses ? Le stress, l’angoisse, la dépression que cela a engendré vont elles se soigner par une tape dans le dos ? Non, Mesdames, Messieurs, ce n’est pas suffisant !
- Recrutement d’une R.H : le scénario classique de la protection...des cadres défaillants. Surement que la personne recrutée a des qualités et aura la volonté d’aider à une reconstruction. Mais nous aurons surement à veiller sur sa propre santé car au final, elle sera sous la responsabilité hiérarchique de ce "manager"...et comme dit l’adage : chassez le naturel...
- Le directeur n’est pas menacé : Après toute cette enquête, toutes ces conclusions, c’est juste fantastique et en même temps tellement normal au final. Il y a une forme de faillite institutionnelle quand le Président dit dans l’interview que son départ n’est pas à l’ordre du jour et que la directrice de cabinet du maire de St Quentin dit que le directeur n’a pas que des défauts.
Qu’aurait il fallu faire selon nous et qui peut encore être fait ?
- Le départ sur le champ du directeur est une évidence et les administrateurs à la lecture de l’audit auraient du le suspendre à titre conservatoire comme dans toutes entreprises qui se respectent ! Le directeur n’arrêtait pas de dire qu’il voulait insuffler l’esprit du privé. Dans le privé, dans l’associatif et n’importe où ailleurs dans un contexte normal, son cas aurait déjà été réglé depuis longtemps.
- La question de la Présidence et de sa feuille de route aurait du être posée au débat du C.A car dans cette histoire, on ne peut clairement pas dissocier le couple Président/Directeur.
- Une refonte de la gouvernance aurait du être étudiée pour que plus jamais un directeur puisse se comporter de la sorte. Oui c’est de manière individuelle que le directeur agit mais il le fait car il n’y a pas de garde fous !
- La reprise du dialogue avec les salariés et les laisser s’exprimer pleinement. Leur expression doit être pris comme moteur du retour de la confiance au lieu de la considérer comme parasitaire.
- La mise en oeuvre d’un plan stratégique global, conçu et porté par les salariés et leurs administrateurs, de reconquête de l’image de MEF tant écorné par toutes ces affaires depuis plus de deux ans.
Pour le moment, rien de bon à l’horizon et qu’est ce que cela renvoie ?
Tout d’abord un sentiment d’impunité lorsqu’on est proche du pouvoir ou qu’on le détient. Certains diront que nous sommes caricaturaux ou dans la posture mais comment ne pas l’être ?
Ensuite, on conforte le sentiment de défiance envers les élus qui touchent notre pays. Eux qui appellent à la responsabilité des autres alors que dans ce cas concret, ils ne prennent pas les leur.
Enfin, et nous revenons au début de cet article, nous constatons jour après jour que ceux qui prennent les risques dans les structures se sont les salariés donneurs d’alerte et qui osent parler. Et eux n’ont pas de gratifications alors qu’ils rendent, par leur courage, service au public et à l’intérêt général !