La rentrée 2015 2016 sur le front de l’insertion sociale et professionnelle s’assombrit. Pour beaucoup de salariés de nos branches professionnelles ACI et ML PAIO, c’est déjà la tête dans le guidon, ils doivent faire avec l’obsession de chiffres sans aucune réflexion sur le sens et les vrais objectifs à atteindre auprès des publics jeunes et en parcours : à savoir une vraie et pleine insertion dans cette société trop oublieuse des devoirs qu’elle a envers eux…et des décideurs enferrés dans une logique comptable sans limite.
Tout d’abord le contexte, morose évidemment, entre la (non) gestion de l’afflux des réfugiés, le chômage au plus haut, le fameux poids du code du travail, les élections régionales, l’aggravation du non consentement à l’impôt ou encore la COP 21 dont tout le monde se fout, notre pays quel que soit le sujet manque cruellement de décisions claires et fortes.
Sur le travail et l’emploi, le fait de nommer le remplaçant du Ministre Rebsamen (Comme il s’appelle François, on a envie de lui dire…merci pour ce moment !) après plus de 20 jours de réflexion montre à quel point la boussole du gouvernement est tournée vers Bercy ! Au passage, nous disons aussi au revoir à Me WARGON désormais ancienne Directrice DGEFP qui part pour Danone. Compétente, elle aura fait ce qu’elle a pu dans la période. On remarquera au passage que son remplaçant se fait attendre.
Certains diront : « enfin ils s’assument au gouvernement ». Pour nous, ce n’est pas en baissant les droits et plus globalement la protection sociale des salariés que l’inclusion des jeunes et des précaires s’améliorera. Bien au contraire : frustration, colère, n’ont jamais engendré d’avenir radieux .... Nos dirigeants se fourvoient donc à répondre aux exigences d’un patronat devenu star en France et dont le « boulard » n’a jamais été autant démesuré.

Il faut libérer le travail, de qui ? De quoi ? Quand on a été concerné par un problème au travail avec son supérieur, on n’a vraiment pas ce genre de discours. Minorer les droits des salariés c’est aussi : précariser encore plus les jeunes et les oubliés de l’emploi durable, c’est affaiblir encore plus le dialogue social pourtant officiellement vanté !! Non à ce double langage !!
Certains disent que les salariés pensent comme leurs employeurs, il faut plus de souplesse. A la CFDT, la fléxi-sécurité, on y croit et on y travaille depuis longtemps mais avec un patronat immature et archaïque ne pensant qu’à une France sans salariat comment ne pas être dans le combat pour recadrer les débats.
Revenons à l’insertion, les structures ACI font face à un désengagement des Conseils Généraux et c’est bien sûr en sus des difficultés d’adaptation à la réforme de l’IAE et les financements en berne après la réforme de la formation professionnelle. L’incertitude de l’avenir des ACI est intolérable avec à la clé de probables fermetures et son cortège de licenciements.
Sur le travail en lui-même, si les structures vont encore bénéficier de contrats aidés supplémentaires, leurs salariés ne pourront pas forcement continuer à faire un accompagnement de qualité faute à un taux d’encadrement suffisant. Faire du remplissage pour faire baisser le chômage est facilement acceptée dans certains endroits au nom de la survie, c’est le début de la fin pour certaines structures.
Pour les Missions Locales, c’est Garantie Jeunes, Garantie Jeunes, Garantie Jeunes mais aussi I Milo (instrument ultime de mise dans les cases), I Milo, I Milo ou encore dispositifs, dispositifs, dispositifs ! Car comme depuis plusieurs années, les salariés se retrouvent plus que jamais, sous la pression des directions, à enfermer des jeunes dans des cases qu’à travailler à des parcours d’insertion individualisé en accord avec le public.
Garantie Jeunes, parlons-en. Nous constatons dans de trop nombreuses structures un véritable dévoiement de la GJ. En effet si l’objectif initial est indubitablement porteur d’avenir pour ce public, donnant une liberté certaine d’agir, la réalité d’application apparaît tout autre dans la pratique… Trop souvent sur le terrain les modalités agissent comme un véritable carcan, nouveau formatage d’uniformisation, de standardisation en contradiction flagrante avec le but premier. Néanmoins, le Synami continue à soutenir la GJ car c’est pour nous le premier étage d’une fusée menant vers un revenu universel de la jeunesse. Mais nous veillerons particulièrement à ce que les fonds affectés ne soient pas utilisés par les directions à d’autres fins de trésorerie des ML....
Dans les Maisons de l’Emploi et les PLIE, la mort lente continue sans que vraiment personne ne s’en soucie ! Les politiques à leurs têtes sont aussi déterminés à les fermer qu’ils avaient de l’enthousiasme à les ouvrir du temps où l’argent coulait à flots et que c’était le moyen pour eux d’avoir un outil à leur main face au géant Pole Emploi. Nous continuons à soutenir Les MDE, les PLIE, aujourd’hui menacés de disparition, à accueillir les salariés pour les accompagner et pour certains, nous allons même plus loin.
Alors que pouvons-nous demander à notre nouvelle Ministre Me EL KHOMRI ?
Pour la branche des Ateliers Chantiers Insertion :
- Faire un état des lieux de la situation des Ateliers Chantiers d’Insertion et s’impliquer pleinement dans les structures ayant des difficultés.
- Accompagner les mutations structurelles et RH suite à la réforme de l’IAE
- Permettre aux salariés quel que soit le statut d’avoir un accès encore plus ouvert à la formation professionnelle
- Accompagner toutes les initiatives qui visent à faire des salariés en parcours des acteurs de leurs passages dans les ACI et leur donner la possibilité de s’exprimer sur les politiques publiques dont ils sont les bénéficiaires
- Améliorer l’observation des structures afin de les cartographier, les analyser pour mieux remonter les besoins
- Ouvrir le chantier du « branchage » des AI à la convention collective des ACI
- Ouvrir un siège pour la branche professionnelle des ACI au CNIAE (les partenaires vivent mal cette exclusion de cet instance alors que nous participons à la vie de structures qui regroupent 80000 salariés !)
Pour la branche des ML PAIO :
- Augmenter sensiblement le budget de l’Etat en le passant à au moins 250 millions d’euros, sans cela nous continuerons à répondre à minima à l’enjeu : l’Insertion Sociale et Professionnelle de tous les jeunes
- Garantir l’équité de traitement suite à l’erreur majeur d’avoir accordé aux régions le pilotage des Missions Locales dans le cadre de la Loi NOTRE
- En finir avec ces logiques de dispositifs qui ne font que nous réduire à des agents délivrant une offre de service
- Accompagner toutes les initiatives qui visent à faire des jeunes des acteurs de leurs parcours et à donner leurs avis sur les politiques publiques dont ils sont les bénéficiaires
- Redonner de l’air aux salariés en laissant se réinstaller la confiance et la co-construction relation jeune/conseiller au lieu de vouloir normer, formater notre travail pour mettre le jeune dans une position de demandeur et/ou de consommateur
- Lancer une nouvelle enquête IGAS IGF, structure par structure pour un contrôle de gestion global – financier, RH – et sanctionner les ML qui ne respectent pas les minimas légaux (absence d’organisations de CA, pas de projet associatif, non application des obligations en matière d’IRP, sur concentration des pouvoirs aux mains des directions, frais dispendieux…)
- Ouvrir les Conseils d’Administration aux salariés afin qu’ils puissent participer à la politique de leurs structures
- Clarifier publiquement la position de l’Etat sur les MdE et les PLIE par respect pour les salariés
Que disons-nous aux syndicats employeurs de nos branches ACI et ML PAIO ?
Au SYNESI (Syndicat National des Employeurs des Structures d’Insertion) :
Que les difficultés des ACI ne doivent pas être l’occasion d’essayer de baisser les garanties collectives prévues par la CCN. Le paritarisme n’a du sens que s’il produit du mieux, dans la concertation, pour les salariés et les structures. Nous partageons les combats menés contre l’insécurisation des structures mais nous ne laisserons pas la CCN être en danger. Concernant le futur travail autour de la classification, il devra coller aux réalités de la multiplicité des compétences qui s’exerce dans les ateliers, c’est la seule chose qui doit motiver les acteurs.
A l’UNML (Union National des Missions Locales) :
Nous lui demandons d’intervenir afin que cesse la logique de case et de " l’offre de services". Sans cela, nous n’avons aucune raison de ne pas finir dans les mains de Pôle Emploi.
Les employeurs doivent enclencher une dynamique salariale responsable, le gel des salaires augmente le sentiment de mépris et abaisse à terme la motivation des salariés à qui l’on demande toujours plus depuis trop longtemps.