Le premier ministre avait déclenché une polémique après ses propos très forts sur la situation d’une partie des jeunesses et des banlieues, utilisant le terme d’apartheid qui a fait violemment réagir. Passons la querelle sémantique, l’Apartheid renvoi à un régime politique et légal abominable de séparation des populations, la République Française, à l’inverse promeut l’égalité des droits. Le mot d’Apartheid est donc inadéquat, mais pas la réalité sociale qu’a voulu dénoncer Manuel Valls : oui, il faut parler de ségrégation sociale concernant certains territoires et certaines populations, oui, l’exclusion de l’emploi en particulier détruit le vivre ensemble, oui la constitution de ghettos et aujourd’hui une réalité, alimentant le repli sur soi, terreau des dérives sanglantes.
Mais si le Premier Ministre a mis les « pieds dans le plat », où sont les actes pour combattre cette situation ? Où est la promesse de faire de la jeunesse la priorité du mandat de François Hollande ? A ce stade, dans le cadre des annonces faites en réponses aux attentats, sur le volet « social/Education », on a noté le débat sur l’élargissement du Service Civique, quelques rappels à la laïcité à l’Ecole, et 60 millions d’euros supplémentaires consacrés à la prévention de la radicalisation dans les 3 prochaines années, au travers du fonds interministériel de prévention de la délinquance, et 169 créations de poste à la Protection Judiciaire de la Jeunesse. On reste loin, très loin des enjeux.
Bien sûr, on ne demande pas qu’en 3 semaines l’Etat trouve et finance des politiques d’insertion à la hauteur des fractures, mais la mise en place de la garantie jeune ne suffira pas, il faut déjà faire beaucoup plus, il faut un « Big-Bang », comme le demandait les associations avant l’élection de F. Hollande.
Et l’on pourrait commencer par une chose simple, stopper la dégradation des finances des ML et retrouver pour elle le sens de leur accueil, de leur écoute et de leur accompagnement, 3 notions qui tendent à disparaître sous la pression du chiffre à mettre les jeunes dans des cases.