Par millions, dans des manifestations historiques, sans précédent, invraisemblable, notre pays a dit combien l’idéal républicain restait vivant après avoir été touché au cœur par les massacres sanglants. Ils ne nous prendront pas notre liberté ! Il reste, plus que jamais, une volonté de fraternité, de tolérance, de vivre ensemble, malgré les tensions et les fractures de la société française. Celles-ci ne disparaitront pas par magie, les causes profondes qui amènent une désespérance d’une partie de la jeunesse, et le basculement de quelques individus dans un nihilisme barbare, perdurent.
Passée l’émotion, en s’appuyant sur ce moment d’infinie grâce de ce week-end, il faudra reprendre l’ouvrage, recoudre le tissu déchiré, redonner une place à tous les enfants de la République, patiemment, dans chaque territoire, pour que plus jamais nous ne soyons ainsi menacés et frappés. Pour que se déploie et s’approfondisse la promesse d’un destin commun où chacun accède à la dignité.
Ce ne sera pas facile. L’islamisme radical a des causes profondes, la terreur qui s’exerce dans un nombre croissant de pays produit « du djihadiste » qui parfois fait connexion avec quelques « salopards », eux-mêmes ne surgissant pas du néant. « Le ventre d’où surgit la bête immonde est toujours fécond ». Et la tentation du pire, du repli, de l’exclusion, du « choc des civilisations », va continuer à travailler les profondeurs de la société.
Alors il faut se le dire aussi, nos métiers de l’insertion sont singulièrement en première ligne dans ce combat. Comment ne pas noter que les assassins sont passés dans nos réseaux, ils ont bénéficié, à un moment ou à un autre, de nos accompagnements. Nous ne sommes pas comptables des sanglantes dérives, mais la société entière est responsable de tout mettre en œuvre pour les éviter.
De ce point de vue, il ne saurait y avoir de réponse uniquement policière ; l’école, la citoyenneté, et tout ce qui fait lien social doit être renforcé. Nos missions n’ont jamais été aussi importantes.