C’est dans une ambiance électrique que s’est déroulée la négociation annuelle sur les salaires pour les structures appliquant la CCN ML PAIO. Ce fut limite par moment mais n’est-ce pas le climat qui s’installe naturellement lorsqu’on négocie le bas de notre fiche de paie ? Bien sûr, on aimerait plus de sérénité mais bon… de notre point de vue, cela a été, ce n’était pas non plus, les métallos face à Mittal !!!
Comme tous les ans, ce fut d’abord un affrontement sur les données issues de l’enquête salaire transmise aux syndicats. L’échange fut long et intense car le maitre ès statistique de l’UNML a cette faculté inouïe d’un prof de fac à vous expliquer que ce qu’il dit est la « vérité » et ce que vous dites avec courtoisie : « ce n’est pas exact…vous n’avez pas la bonne lecture…citez vos sources… »
Et de conclure que tout va bien dans notre branche. Il faut avoir les nerfs solides quand celui-ci affirme, au nom des employeurs, que nous avons 30% de conseillers supplémentaires ou encore que le salaire moyen de l’INSEE n’est pas vraiment fiable.
Nous n’allons pas rappeler ici tous les arguments que nous avons développés et transmis à tous les salariés. Ce que l’on peut dire c’est que nos analyses ont largement fait le poids face aux certitudes de la délégation employeur.
Les débats se sont ensuite portés sur le nombre de structures répondant à l’enquête salaire. Si le nombre de réponses a augmenté, il y a encore environ 20% des ML qui ne répondent pas. L’ensemble des OS est revenu sur l’obligation conventionnelle que l’UNML n’a pas contestée mais tout en répondant dans le même temps que l’avenant instaurant l’enquête n’avait pas prévu de moyen de sanction et que la diffusion de liste est réglementée.
Le Synami était déjà en pointe sur le sujet puisque dès mi-septembre, nous avons écrit pour demander la liste des structures récalcitrantes. En quoi est-ce important ?
- On ne peut pas se satisfaire uniquement d’un 80% de réponses, et ce même si l’enquête salaire est la meilleure produite depuis l’obligation conventionnelle.
- Quand l’IDF par exemple ne répond qu’à 50% alors qu’on sait que les salaires y sont généralement plus élevés, quoi qu’en disent les employeurs, cela fausse les chiffres.
- Enfin, parmi les non répondants, nous savons très bien que des gros salaires cherchent à échapper à toutes enquêtes soit par arrogance et/ou par cachotterie.
Malgré, la forte pression des organisations syndicales, l’UNML a refusé toute transmission. Mais jusqu’à ? Cette affaire reviendra surement sur la table dès la prochaine CPNN
Une fois le problème de liste évacué et après quelques heures de débat, l’UNML a enterré le principe d’augmentation de la valeur du point en s’appuyant sur ses arguments statistiques peu crédibles quand on observe réellement la vie des salariés et en utilisant tout le discours ambiant (et en partie vrai) sur les dépenses publiques et les financements des collectivités locales.
Après plusieurs propositions intersyndicales (Retour à une augmentation du point, Donner 20 pts pour tous ou encore un nombre de points en fonction de l’IP) les employeurs en sont arrivés à mettre à la signature un avenant portant sur une augmentation des bas salaires et en promettant de faire un effort lors d’une nouvelle négociation sur la classification.
Pour le Synami, plus d’augmentation collective signifie mettre comme NORME le principe de l’individualisation de la rémunération et accroitre les disparités entre les Missions Locales. Cela augmente aussi l’impression que nos employeurs ne sont plus à l’écoute d’un ensemble, d’un réseau…Une image déplorable accompagnée d’une incitation au découragement pour les équipes !!! L’UNML devra assumer seule.
Les bas salaires revus à la hausse, avancée ou normalité ?
En proposant,
Assistant administratif 344 (+ 20 pts) | Assistant gestion 364 (+ 10) |
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Chargé d’animation 360 (+ 10) | Chargé d’accueil 360 (+ 10) |
les employeurs ne répondent que partiellement à ce qu’attendait le Synami. Effectivement, ils ont visiblement lu nos écrits et notamment l’arrivée au Smic de certains emplois repères, si rien n’était fait. Donc ces points d’indice professionnel sont les bienvenus.
Dans le même temps, cela ne peut pas être satisfaisant car cet octroi crée de manière mécanique un tassement d’échelle des salaires. Et le rattrapage d’une catégorie vers une autre peut être une bonne chose…ou pas en fonction d’où l’on est !
Dès janvier, nous vous l’annonçons, des conseillers 1 seront moins bien rémunérés que certains personnels ayant eu leurs points. Donc oui à l’augmentation de nos collègues que nous avons pleinement revendiqués mais le compte n’y est pas !
Pas d’augmentation pour les conseillers, mépris, méprise ?
Les conseillers sont les grands oubliés de cette négociation et ce n’est pas faute des organisations syndicales qui ont fait feu de tout bois pour inverser la tendance. Même le syndicat des cadres, tout en se servant d’une proposition Synami, y est allé de sa diatribe. Mais rien n’y a fait. Il y avait un décalage entre les déclarations positives (certains diront précautions oratoires) sur le travail de qualité effectué et l’incapacité ou volonté de rémunérer les conseillers au juste salaire ! Vu la colère des organisations syndicales, mépris était le mot le plus approprié.
Et plus largement, si nous prenons le mot méprise dans le sens d’erreur, le Synami dit qu’il s’agit d’une faute ! Une faute de ne pas reconnaitre par la rémunération les efforts fournis. Il ne faudra plus s’étonner des arrêts maladies en pagaille, des retours de salariés exprimant un ras le bol des inégalités…
Et la classification n’arrangera que partiellement la situation et pas pour 40% des salariés comme l’affirme l’UNML mais plutôt à peine 20% quand on prend le temps de bien étudier le sujet. Et pourtant, nous pensons qu’il faut avancer pour ce 1/5ème du réseau.
Le chiffon rouge de la classification
Considéré comme un moyen de gagner du temps pour les uns ou ressenti comme un moyen de chantage pour les autres, la classification est malmenée par ceux qui doivent la défendre et la faire évoluer.
Pourquoi ? Parce que trop de crispations et de rancœurs ont été gardées suite au droit d’opposition formé par nos camarades des autres syndicats il y a deux ans. Nous sommes tentés de dire : « Mais ça, c’était avant ! » Il faut sortir de cela. La branche vivra que si les partenaires sociaux ne font pas de la classification un sujet de défiance ou d’évitement du débat !
Le Synami est à l’aise puisqu’il réclame la réouverture des négociations pour modifier un système que l’on croit bloquer. Mais en fait une « Dark-Classif’ » existe au profit de certaines catégories de personnel grâce à des arrangements locaux parfois positifs d’ailleurs ou à l’instauration sauvage d’un classement au diplôme au détriment de la compétence !
Pendant que nous tergiversons, nous laissons des gens tuer notre cœur de CCN qu’est la classification. Ne faisons pas le jeu de ceux qui souhaitent « Tayloriser » nos emplois et qui se disent « penseurs » de l’évolution de nos métiers.
Que retenir de cette négociation ?
Au final, seuls (tant mieux pour eux et dommage car ils auraient pu avoir mieux !) 17% des salariés verront leurs Indices Professionnels monter en Janvier. Quid des autres ?
L’UNML laisse sous-entendre qu’elle aurait du grain à moudre pour la classification…rien n’est moins sûr !
Le Synami réunit son Conseil Syndical National le 23 octobre. C’est cette instance qui donnera la position du syndicat.