Monsieur le Premier Ministre ;
La priorité du quinquennat de faire de la jeunesse a été et reste un axe majeur de votre feuille de route. Pourtant, le contexte social actuel est plus que jamais difficile et en particulier pour les jeunes qui font face à un marché du travail plus que jamais excluant. Le diplôme protège de moins en moins du chômage et le nombre de jeunes en recherche de solutions augmente malgré la mise en place des emplois d’avenir.
Le dernier rapport de la DARES sur l’activité des Missions locales confirme la dégradation de l’accès à l’emploi, tout en insistant sur le caractère historique du nombre de jeunes accueillis (1,4 million dans 5000 points d’accueil) et accompagnés dans leur parcours d’insertion par ce réseau. En effet, l’activité des Missions Locales s’est accrue en 2013 avec une hausse de 5% par rapport à 2012 et de 10% par rapport à 2011. Le nombre de jeunes ayant un niveau équivalent au bac et plus est reparti à la hausse.
Pour faire face à cet afflux et soucieux du service qu’ils rendent, les salariés de ces structures n’ont pas rechigné à la peine. Mais, aujourd’hui, ils ne parviennent plus à absorber la surcharge de travail qui leur incombe : l’augmentation du public, les efforts démultipliés pour trouver des solutions adaptées à chacun des jeunes, les procédures administratives chronophages pour justifier des financements, la complexification des dispositifs et les modifications constantes des cadres et critères. Tout cela nécessite du temps qu’ils n’ont plus.
Et pourtant pour bien des jeunes en recherche d’emploi l’accompagnement par un conseiller de Mission locale permet de maintenir leurs motivations, de trouver des interlocuteurs qui peuvent tracer des perspectives d’avenir, d’être dans l’action pour se former, pour expérimenter des métiers, de se tenir prêt en quelque sorte pour des opportunités d’emploi.
Aujourd’hui, pour répondre aux besoins des jeunes et à la nécessité de les aider à lever les freins d’accès à l’emploi, le réseau des Missions locales est sous-dimensionné. Les jeunes finiront par ne plus trouver les réponses à leurs questions en matière d’insertion. Ce serait dramatique à l’heure de la mise en œuvre de la Garantie jeune pour les plus démunis et la poursuite des autres dispositifs d’insertion.
Redonner du souffle aux budgets socles des Missions Locales à l’occasion de l’élaboration du projet de Loi de Finances 2015 pourrait être l’occasion de réaffirmer la priorité du quinquennat et faire des Missions Locales un outil solide de la politique publique d’insertion des jeunes. De notre point de vue, pour assumer ses missions, le réseau des Missions locales a besoin d’au moins 2500 postes soit 100 millions d’euros. Compte tenu du contexte, ce budget complémentaire nécessite un arbitrage fort que vous seul avez le pouvoir de donner.
Les salariés et les structures ont plus que jamais besoin du soutien de votre gouvernement pour atteindre le but que vous avez fixé : permettre à un maximum de jeunes de s’insérer socialement et professionnellement.
Veuillez recevoir, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre haute considération.