Cela se confirme, vu les annonces faîtes lors d’AG de ML, devenues MEF (Maisons de l’Emploi et de la Formation), dans la région. Le Conseil Régional fait en effet savoir qu’il baissera de 200 000€ sa subvention globale, et l’Etat, qui ne veut sans doute pas paraître moins pingre, de 217 000€. Au moins, c’est coordonné. Au total, 417 000€ en moins, c’est une bonne dizaine de postes qui va donc disparaître, presque 1 par structure (on ignore encore la répartition). On n’a pourtant pas eu vent d’une baisse spectaculaire du chômage des jeunes dans la région, qui au contraire caracole plutôt en tête des régions les plus sinistrées.
Mais il est vrai que ce n’est, malheureusement, que le énième épisode de la défiance profonde de cette région envers son réseau, qu’elle n’a jamais vraiment soutenu, respecté, et compris.
Rappelons juste, pour illustrer, que la Picardie avait créé dans les années 90 un réseau concurrent des ML, chargé de l’orientation sur les formations régionales, l’AREAF. Les ML accueillaient donc les jeunes, mais devaient les envoyer dans cette structure si une formation paraissait nécessaire dans le parcours, l’AREAF envoyant elle dans les ML les jeunes qui recherchaient autre chose qu’une formation. Un schéma particulièrement cohérent pour les jeunes et pour les finances publics… (on ne parle même plus d’approche globale, concept totalement étranger aux décideurs de l’époque).
C’était tellement c.. que même la région s’en est finalement aperçue et les deux réseaux ont re-fusionné au milieu des années 2 000. Pour les salariés, le Synami avait été à la manœuvre pour les reclasser, et cela c’était fini, après un marathon de négociations et de coup de colères homériques, sans trop de casse sociale (c’est l’occasion de saluer les anciens du Synami Picardie qui avait tout donné dans cette affaire).
Mais cela n’a pas calmé les ardeurs de ce Conseil Régional (et les alternances politiques n’ont rien changé). La « dé-fusion » des ML ne marchant pas, tentons donc la fusion. Avec le soutien d’un préfet qui n’avait aucune instruction pour cela, la région a ordonné aux ML, sous peine de se voir couper les vivres, de fusionner avec les MdE de leur territoire.
Ce qui fut fait, malgré la belle résistance de quelques élus malheureusement trop isolés. Cela n’a pas été la catastrophe que d’autres syndicats avaient annoncé, sans rien faire au passage à part des courriers inutiles, mais on peine à voir la plus-value ou le nouveau dynamisme que cela était censé produire. Les salariés ML de ces nouvelles MEF continue de recevoir leurs jeunes, de saisir sur parcours 3, et de galérer pour trouver des solutions en étant débordés comme partout ailleurs. Et on ne signale aucune mission d’étude ou défilé d’acteurs de l’insertion avide d’aller voir un nouveau système qui marcherait mieux. Normal, il n’y a rien a voir.
Sauf peut-être une chose : la baisse des financements. Car la première chose qu’a fait la Région après la fusion, c’est de baisser sa subvention de 10 % !
La Région et l’Etat viennent donc de récidiver avec l’annonce de cette nouvelle baisse. Au moins, si on en doutait, on sait ce qu’ils voulaient dans cette fusion : dépenser moins pour les jeunes.
On peut tirer au moins trois enseignements de cette triste histoire et donner un avertissement :
- Ceux qui pourraient penser que la régionalisation des ML serait une bonne chose (cf rapport Iborra), peuvent aller voir en Picardie, ça devrait les calmer.
- L’extension de la convention collective (CCN) des ML au MdE et PLIE n’est pas qu’une discussion abstraire sur son titre. C’est une nécessité pour protéger les salariés, ceux des ML comme ceux des MdE et PLIE. En Picardie, le Synami a particulièrement veillé à ce qu’aucun salarié ML ne perde la CCN, cela n’a pas toujours été évident. Etendre la CCN « verrouille » nos garanties et nos droits. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment un hasard que nous avons eu cette volonté en …. 2008… au moment où la fusion générale en Picardie a été annoncé. Certaines organisations syndicales devraient s’en souvenir.
- Pour pouvoir réellement peser et empêcher d’être ainsi ballotté, il nous manque un rapport de force plus favorable. Chez les salariés, avec des organisations syndicales qui ne sont pas assez puissantes, y compris le Synami. Comme du coté des Présidents, qui sont nos alliés indispensables dans ce type d’affaire.
Mais nous avertissons les décideurs de la région : vous tendez une corde qui va finir par craquer. Personne ne pourra y gagner, ni les jeunes, ni les salariés, ni vous comme dépositaire de l’action publique. Rétablissez l’intégralité des financements, et demandez-vous plutôt comment les augmenter. Vous préparez sinon des lendemains douloureux pour tous.