La mission parlementaire sur Pôle Emploi et le service public de l’emploi a publié son rapport.
Fort logiquement le rapport est surtout consacré au Pôle-Emploi, nous n’allons pas le commenter ici, mais on y trouvera un certain nombre de constats et de préconisations que partage parfois la CFDT (et qui sont plutôt de bon sens).
Par contre, sur les chapitres consacrés aux ML, pour le dire brutalement, c’est n’importe quoi, et on se demande à quoi ont servi les auditions dont on cherche en vain l’influence sur des conclusions qui visiblement étaient déjà prêtes. On nous avait dit en « off » que la rapporteuse, Monique Iborra, députée de Haute-Garonne, n’était pas une « fan » des ML, qu’elle avait un nombre considérable de préjugés, et que dans sa région elle impulsait une politique plus que contestable vis-à-vis des ML ( voir interpellation du Synami-CFDT Midi-Py [http://synami.free.fr/spip.php?article348->http://synami.free.fr/spip.php?article348] ). Cela c’est malheureusement confirmé.
Le contre-sens le plus frappant est l’étrange parallèle entre les ML et les écoles de la 2ème chance (E2C), organismes tout a fait respectables et aux résultats probants, mais pas du tout comparable. Citons : ”Les écoles de la deuxième chance ont été trop marginalisées car les missions locales étaient présentes sur des politiques similaires. Il faut réorienter les missions locales vers l’insertion professionnelle et donner davantage de place aux écoles de la deuxième chance dont les résultats, en matière d’insertion, sont particulièrement probants.” Comment comparer 2 réseaux aussi différents, dans leurs objectifs et dans leurs moyens pour les réaliser. L’un fait de la formation pour 13 000 jeunes, avec 4 000€ par jeune, l’autre de l’accompagnement pour 1,3 millions de jeunes, avec 400€ par jeune !
Mais Madame Iborra ne s’arrête pas là, elle propose carrément la fusion des ML avec les E2C, et pour faire bonne mesure, elle y rajoute les PLIE. Remarquez, les PLIE, qui sont un dispositif rappelons-le, furent au début, il y a déjà longtemps, très souvent portés par les ML, avant que l’Europe ne demande la séparation du fait des règles du FSE (qui ont depuis évolués). Ca ne chamboulerait pas les ML (il s’agit de quelques centaines de salariés), mais plutôt les MdE, qui elles au passage, seraient passées aux régions, qui n’en veulent pas, dans une opération qui ressemble furieusement à un enterrement de 1ère classe.
Par contre, pour revenir aux E2C, fusionner une structure d’accompagnement et d’orientation avec un opérateur de formation, faut qu’on nous explique, y compris juridiquement.
En même temps, si c’est pour diviser par 10 le nombre de jeunes suivi par conseiller... Le Synami serait ravi d’en discuter... faudra juste trouver 5 milliard d’euros.
On vous passe le reste, il n’y a malheureusement rien à garder, et on renvoit ceux qui souhaiteraient en savoir plus à l’excellent décryptage, comme d’habitude, de Michel Abhervé sur son blog ( [http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2013/06/24/rapport-iborra-le-volet-consacre-a-la-formation-des-demandeurs-demploi/->http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2013/06/24/rapport-iborra-le-volet-consacre-a-la-formation-des-demandeurs-demploi/] où vous trouverez les liens sur ses autres articles sur le sujet).
Vous pouvez également consulter le rapport avec le lien : [http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i1107.asp->http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i1107.asp]
Mais revenons à ce que ce rapport vise vraiment, c’est sa proposition n°1 : reconnaître la région comme chef de fil de l’insertion professionnelle, ce qui est le but de cette grande fusion qu’on nous propose (où on se demande si l’affaire de la fusion avec les E2C n’est pas un leurre tellement elle est absurde). Concrètement, et c’est la véritable intention du rapport, c’est la régionalisation des ML qu’essaye de faire avancer ce rapport Iborra.
L’affaire paraît pourtant réglée, l’Etat, par la voix du Ministre du Travail, a été très clair ; l’emploi reste à l’Etat, et les ML restent locales. Ce qui tombe bien puisque le Synami avait été lui aussi très clair, pour la CFDT c’est non, nous ne voulons pas devenir des agences régionales, remplacer 1 CPO par 22 (la technocratie régionale n’a souvent rien à envier à celle de l’Etat) et perdre notre ancrage territorial (cf l’article [http://synami.free.fr/spip.php?article241->http://synami.free.fr/spip.php?article241])
Nous ne sommes pas vraiment inquiets, ce rapport à toutes les chances d’aller prendre la poussière et la levée de bouclier qu’il a suscité est rassurante (au passage, Jean-Patrick Gille, député PS, rapporteur du budget emploi, et accessoirement Président de l’UNML a voté contre le rapport de sa camarade, et Bernard Perrut, Député UMP et ancien président du CNML est violemment monté au créneau contre ce rapport).
Mais de toutes évidences, certaines régions, ou certains dans des régions, n’ont toujours pas fait leur deuil de cette régionalisation des ML. Nous resterons donc vigilants, en rappelant inlassablement les vrais enjeux : ce n’est pas d’un mécano institutionnel dont nous avons besoin, mais de moyens et de liberté d’agir, hors de la dictature des chiffres et des dispositifs, avec et pour les jeunes.