Toutes les organisations syndicales des ML rencontreront le 22 novembre Jean-Patrick Gille, Président de l’UNML. Ce n’est pas vraiment un événement, mais dans la période actuelle de tension entre les partenaires sociaux, cela pourrait être important.
Disons tout de suite que nous n’en attendons pas de grandes révolutions. Le Président de l’UNML ne va sûrement pas désavouer les représentants UNML qui négocient avec nous les salaires ou la classification, ceux-ci agissent évidemment avec un mandat du bureau ou du CA de l’UNML. De même, on ne s’attend pas à ce qu’il sorte de sa poche les 30 millions d’euros de l’ANI que la majorité CGT/FO/CFTC prétend accaparé par l’UNML.
Par contre, c’est la raison pour laquelle nous avons accepté cette démarche, c’est l’occasion, qui est toujours bonne à prendre, de convaincre pour agir sur un réseau et ses salariés qui vont mal.
En urgence, il faut :
- faire un geste fort sur les salaires.
- renforcer les systèmes de protection social (mutuelle, sur-retraite complémentaire, sauvegarde du régime de prévoyance).
- traiter le mal-être, et parfois la souffrance, avec un plan national de prévention des risques psychosociaux.
En profondeur, il faut :
- résister à la CPO et la culture du chiffre, pour mettre fin à la concurrence destructrice entre structures, et parfois entre salariés.
- construire une alternative à ces modes d’évaluation et de financement, à partir d’une activité qui remet au centre de nos missions les jeunes, l’insertion et la cohésion sociale.
- rénover le « logiciel » ML à partir de ces impératifs pour redonner du sens à notre travail, dans une logique de projet et d’innovation avec et pour les jeunes. Il ne s’agit pas seulement de le dire ; quand le Synami présente cette ambition, à partir du travail que nous avons réalisé avec Bertrand Schwartz, personne ne s’y oppose, Il s’agit de le faire vraiment, ce qui est une autre paire de manches (mais les ML de la recherche action collective « agir pour et avec et les jeunes » prouvent que c’est possible, avec d’autres qui agissent aussi sur leurs territoires, malgré la pression de la CPO).
Une des conditions de la réalisation de ces 6 points prioritaires, c’est de l’oxygène financier pour les ML, qui n’en peuvent plus de structurer toutes leurs activités autour de la contrainte de prouver que chaque euro donné est bien dépensé comme on nous l’ordonne. C’est pourquoi, le Synami revendique aujourd’hui un bol d’air financier de 100 millions d’euros (+20% de budget), non contraint par des dispositifs et des obligations d’objectifs ou de résultats. Qu’on nous laisse enfin travailler, qu’on nous fasse un peu confiance, qu’on nous donne la liberté de mettre les moyens là où ils sont nécessaires et utiles, et pas là où ils justifient les décisions de la technocratie qui a besoin de donner des chiffres aux ministres !
Nous avons développé ces points dans notre adresse au Président de l’UNML ([Aux Présidents de l’UNML->http://synami.free.fr/spip.php?article290]).
Pour l’urgence, et en particulier les salaires, le Synami rappellera que les salariés n’accepterons pas de nouveaux blocages, comme l’a montré la très forte mobilisation à l’occasion des débrayages du 10 octobre à l’appel du Synami : 129 structures en totalité, 269 touchés partiellement, cela doit s’entendre ! Cf [mobilisation et négocation du 10 octobre sur les salaires->http://synami.free.fr/spip.php?article267].
Mais nous attendons également un programme de négociation ambitieux pour 2013, en particulier autour de la santé des salariés (avec la reconquête de la prise en charge des carences maladies qui a été enterrée par la majorité CGT/FO/CFTC) et autour de la prévention des risques psychosociaux.
Pour les réponses en profondeur, nous attendons des Présidents qu’ils s’engagent avec nous, nous n’avancerons pas beaucoup tout seul sur ce programme s’ils ne se mettent pas en mouvement.
C’est là peut-être le seul véritable enjeux de cette rencontre. Nous proposons de relancer une dynamique de tous les acteurs du réseau pour la défense du réseau, des moyens et des évolutions pour les jeunes avec un nouveau manifeste pour l’insertion des jeunes.
Cela nécessitera que les syndicats qui ont fait de l’invective leur stratégie principale (contre l’UNML mais aussi contre le Synami) comprennent que l’UNML est un adversaire sur les salaires par exemple, mais pas tout à fait une amicale de vampires suceurs de sang comme il nous les présente (ou des pépés crétins -muppet in english- comme l’a écrit dans un tract un de ces syndicats). C’est une nuance importante, si nous voulons gagner du progrès social pour les salariés et être alliés pour chercher des budgets. L’insulte et le mensonge, ça n’incite pas l’autre partie à passer des compromis positifs et à travailler ensemble pour les intérêts communs. Si cette réunion permettait de réduire ces tensions contre-productive, elle n’aura pas été inutile (et puis la « votation » sera en route, certains peuvent peut-être se détendre...).
Pour les salaires, par contre, il n’y aura pas de détente possible, ça se réglera, ou pas, lors de la négo du 5 décembre, au rapport de force. Un peu d’habilité et de culture de la négociation ne nuira pas non plus pour gagner un résultat. Le Synami, pour la première fois, demandera que cette négociation soit entièrement enregistrée. Dans l’avalanche de propagande déversée à l’occasion de la consultation nationale, il serait bien en effet que les salariés constatent par eux même qui en négociation fait des déclarations fracassantes et ne négocie rien, actant par avance l’échec, et qui se bat vraiment pied à pied, point par point, centime par centime, pour améliorer nos salaires.