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La ML de Besançon en redressement judiciaire | Chronique d’un crash (non) annoncé
les salariés de la ML
Est républicain du 13 juillet 2012
La situation de la ML, 45 salariés, 4 300 jeunes en suivi, a pris un tour dramatique le 11 juillet lorsque le tribunal de Grande Instance de Besançon a prononcé le redressement judiciaire, cette procédure étant à l’initiative des dirigeants de la ML, qui n’avaient plus tellement le choix devant la situation financière catastrophique de la structure (près de 500 000€ de déficit prévisionnel, les salaires de juin ayant failli ne pas être versés !).
C’est le triste épilogue de mois de tergiversations, de non-dits et d’absence d’un vrai plan de sauvetage. Au dernier trimestre 2011, tout semblait déjàjouéen coulisses car la direction n’ignorait pas les grandes difficultés financières à venir mais a continué la stratégie du silence notamment en se gardant bien d’informer les représentants du personnel. Ensuite, à partir de février 2012, ce n’est qu’une succession de mauvaises nouvelles qui s’abat sur la structure et les premières victimes sont les salariés et les jeunes, dans un climat anxiogène pour les premiers et des problèmes d’accompagnement pour les seconds. Tout cela aura des conséquences désastreuses sur la fin de l’année. Certains diront : « si la ML existe toujours ! ».
Scène surréaliste et douloureuse pour les salariés lorsqu’à l’AG extraordinaire tenue le 11 juillet, la Présidente, qui ne s’en était pas franchement préoccupé jusqu’alors, remercie les collègues pour leur travail et - un brin cynique en cette période – les convie à un groupe de travail pour plancher sur le nouveau projet de la ML, alors qu’ils attendent de connaitre leurs sorts ! C’est comme si on demandait aux salariés de PSA Aulnay de travailler sur une hypothétique voiture électrique alors que l’usine ferme.
Car c’est bien désormais l’outil de travail et le maintien de l’emploi qui sont maintenant gravement menacés, avec un plan social dramatique et massif qui s’annonce.
Comment une ML a pu passer d’une situation d’excédent de 21 000€ avec des fonds propres de 336 000€ fin 2009, puis à 16 000€de déficit et 283 000€ de fonds propres fin 2010, pour finir fin 2011 à un déficit de 281 000€ et 0 de fonds propres ?! Soit un trou de plus de 500 000€ creusé en un an ?!
La Présidente (et son mouvement politique) se défend en incriminant l’Etat (qui n’a pourtant pas baisser d’un euro ses subventions) et les « politiques libérales », ce qui est un peu léger et s’apparente d’abord à un écran de fumée pour se dédouaner. Un audit a été diligenté par l’Etat et nous demandons solennellement au Préfet de rendre publique les conclusions de cette enquête, l’absence d’informations claires ayant créé un malaise profond au sein de l’équipe (avec y compris des conséquences sur la santé des salariés). C’est aussi une question de justice sociale et de respect pour les salariés, qui vont peut être payer gravement les conséquences de certaines décisions !
A l’AG, certains administrateurs ont avoué ne pas avoir mesuré les évènements, exprimant de lourds regrets, voulant tirer les leçons de cet échec pour mieux repartir. A coup sûr, l’histoire de cette ML ressemble à un très mauvais film catastrophe avec des pilotes qui se sont aperçus que leur avion allait être à court de kérosène et qui ont choisi de se bander les yeux ! Seulement nous sommes dans la vie réelle, loin de toutes considérations idéologiques ou dogmatiques, et les conséquences pèseront lourds sur le personnel et les usagers. La question d’un changement de pilote, pour repartir vers une ML pérenne et sereine, est clairement posée. Et dans ce processus, il faudra absolument éviter d’en arriver à une ML « Low Cost », avec un repli sur la machine à statistiques, broyeuse de collègues, créé pour satisfaire uniquement les objectifs chiffrés et tenter de remplacer l’irremplaçable, c’est-à-dire un départ en massif de salariés.
Pour le Synami, c’est un énorme gâchis mais l’urgence est maintenant de sauver le maximum d’emploi, tout le monde doit s’y consacrer, faire respecter les droits des salariés, nous y veillerons, et poser les bases d’une renaissance.
Voir : Article dans l’Est Républicain le 13 juillet 2012