Avis de tempête dans le travail d’insertion sociale et professionnelle !
EN COLERE !!!
25 ans que je travaille en Mission locale et que j’accompagne les jeunes de 16 à 25 ans dans leur parcours social et professionnel, je n’avais jamais connu un choix de politique de l’emploi aussi VIOLENT !
Décider de la suppression des contrats aidés, sans discussion, sans autres mesures de substitution-est une erreur fatale ! C’est décider d’abandonner une partie de la population : les jeunes les moins qualifiés, ceux qui ont peu d’assurance, ceux qui ne se sentent pas prêt qu’il faut accompagner faire un bout de chemin pour accéder à l’emploi plus durable, ceux qui sont plus agés, ceux qui n’ont pas travaillé depuis longtemps…et les exemples sont nombreux dans nos missions locales et réseaux d’insertion !
Mais que faites-vous Mr Le Président, Mme La Ministre du travail quand vous faites ce choix-là ? Vous donnez la main « à Bercy » c’est donc ça votre choix ? Un choix financier contre un choix HUMAIN ! Qu’on n’arrête de me dire que ces contrats ne sont pas rentables !!! Rentable pour qui ? C’est une vision macroéconomique déshumanisée ! Ces contrats aidés sont les premiers pas dans le monde du travail ! C’est une possibilité pour cette population – et là je pense à la jeunesse qui est le cœur de mon métier et de mes préoccupations politiques et syndicales- d’entrer progressivement dans ce monde « brutal » qu’est parfois le travail. Cela leur permet d’avoir une expérience professionnelle, accompagnée d’une formation qui permet qu’ils sortent de ces contrats mieux armés et ainsi accèdent à un emploi plus durable. Sans ces contrats aidés, je l’affirme une partie de la population reste sur le bord de la route ! Et cela est pour moi, et pour un grand nombre de mes collègues et partenaires, INSUPORTABLE !!! C’est assez détestable d’entendre dire que ce ne sont pas de vrais emplois, comme s’il y’avait une France qui travaille et une France de l’assistanat !
Certes nous en avons vu défiler des dispositifs des contrats, et nous nous sommes pliés à la tâche pour le public ! Trop parfois, mais c’est ce qui fait une de nos qualités en mission locale : une très grande adaptabilité. Mais, au lieu de supprimer aussi brutalement ces contrats, évaluons réellement et profondément les résultats de ces contrats ! Allons au bout des choses en faisant participer les salariés de nos réseaux, les partenaires sociaux et tout ce monde respectable de l’économie sociale et solidaire ! Aujourd’hui un contrat aidé Cui-cae coûte à l’Etat 9500 euros, un contrat dans le cadre du CICE coûte entre 142000 et 182000euros * ! Les choix peuvent donc être vite fait. Bien sur les techniciens de Bercy n’ont surement pas les mêmes grilles d’analyse que nous ! Et comment évaluer le mieux-être des personnes, la plus grande confiance en soi !!!
Alors Messieurs, Mesdames, est ce que cela à un prix ?
A mes yeux : oui. Il faut l’entendre et l’accepter comme des facteurs positifs permettant réellement l’accès à l’emploi.
Et que dire des incidences sur les centres socio-culturels, sur les clubs sportifs, sur les associations d’environnement, sur les communes ...? L’arrêt d’activité de loisirs et de service à la population !!! La hausse des prix de ces activités ! Eh bien oui, j’ose le dire c’est l’effondrement de tout un pan de notre économie sociale et solidaire. Et ça je le refuse et je me battrai pour défendre ces contrats aidés, défendre le public en situation précaire et surtout défendre l’accompagnement social et professionnel effectué dans nos différents réseaux d’insertion !
Dominique Comon
Conseillère d’insertion sociale et professionnelle à la Mission locale d’insertion du Poitou
Déléguée régionale Synami CFDT Nouvelle Aquitaine
*Christian Chavagneux économiste à France inter dans l’émission « On arrête pas l’éco » du 9 septembre 2017
Les mêmes éléments se retrouvent dans l’article d’alternatives économiques du mois d’octobre « Le mauvais procès fait aux contrats aidés ».