Le 9 mai sortait dans le réseau un manifeste de l’Union Nationale des Missions Locales intitulé :"Il faut sécuriser les ressources du 1er service public national de l’insertion des jeunes"
Ce document - dont nous aurions très bien pu être signataires mais il aurait fallu aussi parler des organisations de travail - vise à interpeller toutes les collectivités locales et l’Etat à s’engager pleinement dans le financement des structures dont elles sont les pilotes, il y a aussi dans le texte des engagements concernant la surcharge administrative, la gestion de la Garantie Jeunes....
La première demande de la Conférence Nationale des Présidents des Associations Régionales est :
"Les Missions Locales soient expressément mentionnées dans la loi visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs, comme les opérateurs de la mise en oeuvre du droit au parcours d’accompagnement contractualisé prévu par son article 23"
La réponse n’a pas tardé puisque dans la même journée du 9, le gouvernement a introduit l’amendement suivant :
[(L’amendement du gouvernement (n°5025), à l’article 23 du projet de loi visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs, prévoit que les missions locales mettent en œuvre le parcours d’accompagnement contractualisé, mais qu’un "autre organisme peut être désigné par le représentant de l’État dans le département, lorsque cela est justifié par les besoins de la politique d’insertion sociale et professionnelle des jeunes". La garantie jeunes étant l’une des modalités de ce parcours.)]
Nous avons relu dix fois pour être surs que nous avions bien compris. Donc, les Missions Locales sont les actrices principales du parcours d’accompagnement contractualisé avec les jeunes mais un autre opérateur pourra intervenir sur un même territoire parce que la situation l’exigerait. Mais qu’est ce que cela veut dire ? Qu’est ce qui justifierait une intervention d’un autre opérateur ? Qui serait ce nouvel opérateur, privé comme pour le contrat d’autonomie, public comme cela a été fait en Picardie il y a quelques années et dont Proch’Emploi est un avatar inefficace ?
Ce bout d’amendement est un ver dans le fruit, cadeau aux régions et aux détracteurs des Missions Locales qui souhaitent libéraliser l’accompagnement social et professionnel des jeunes. Cela permet aussi de mettre une pression aux résultats sur un réseau qui attend, non pas d’être soumis à la concurrence, mais des moyens de fonctionnement réévalués pour assurer sa mission de service public.
Il parait que nous sommes dans le temps de la redistribution, renforcer les moyens du réseau des Missions Locales est une obligation et ne doit pas être l’objet de calcul politicien pour rallier tel ou tel député à sa cause. Les jeunes méritent mieux que cela.
Le gouvernement doit revoir sa copie en urgence en ôtant cette référence [(...autre organisme peut être désigné par le représentant de l’État dans le département, lorsque cela est justifié par les besoins de la politique d’insertion sociale et professionnelle des jeunes...)] sinon ce serait introduire un nouvel élément de déstabilisation d’un réseau qui n’en a pas besoin, à l’heure où plusieurs régions et départements baissent leurs subventions.
L’Etat n’est pas le seul à faire des choses incompréhensibles, il y a aussi des élus locaux qui votent ces baisses et assument en même temps des responsabilités dans les Missions Locales. Ces derniers doivent arrêter d’être bipolaires et défendre vraiment les structures !